Pour Électronique & Gamelan, avec Bintang Tiga de Gaston Sylvestre
Spin est un terme de la physique quantique, comme la masse ou l'énergie. Ici il est utilisé comme un terme évoquant les explorations d'un sentiment de rotation.
Vitesse, angle, changement d'angle, et superposition de vitesses. Le spin pourrait aussi être un terme mesurant la rotation des êtres humains les uns autour des autres, une sorte de danse universelle des êtres, une danse sans fin mue par leurs sentiments, leurs désirs où leurs violences. Mon spin composé aura pour effet de mettre en mouvements les différentes membranes du gamelan et celle des hautparleurs.
Aux membranes du gamelan, je veux juxtaposer celles d'un unique système de hautparleurs — pas de spatialisation électroacoustique, le gamelan de part sa surface spatialise naturellement — un instrument vertical, un invité électronique, un seul et puissant rotem, qui va dialoguer, de manières rythmiques et timbrales avec l'instrument acoustique. Une tour de haut-parleurs, en une spatialité rayonnante contrastant avec celle toute horizontale du gamelan.
Mais si l'électronique n'ira pas dans le domaine "spatial" du gamelan, celui-ci viendra explorer les spectres créés par la synthèse analogique, en prêtant sa masse métallique et ses harmonies encore inouïes pour nous. Cela par le jeu de tenues ou de modes non conventionnels à l'instrument. J'avais déjà lors de ma pièce Kloch à Poitiers, réalisé un tenuto sur une cloche de deux tonnes, bref un son qui n'était probablement jamais sorti de cet instrument destiné à l'origine à être percuté.
Chaque culture a ses monstres instrumentaux, nous avons inventé l'orgue, les Balinais ont le gamelan, et c'est précisément cette démesure que je veux mettre en action, avec l'aide d'un autre de nos monstres modernes, la synthèse modulaire analogique contrôlée par l'informatique ».